Il fait tellement partie du paysage que rares sont les usagers du centre de loisirs qui jettent de temps en temps un regard vers ses toits coniques en forme de poivrières. Et pourtant, le château des Tourelles vient de vivre une métamorphose de toute première importance : il a retrouvé sa quatrième tour, détruite pendant la guerre par un bombardement. L'oeuvre d'une entreprise vernonnaise, TERH, spécialisée dans la restauration des monuments historiques.
Vécu par les Vernonnais comme un simple élément du
décor du centre de loisirs, le château des Tourelles ne semble
accrocher le regard que des touristes de passage. Comme si paradoxalement
le Vieux Moulin tout proche lui faisait de l'ombre... Il faut dire que
jusqu'à présent, la forteresse du XIIe siècle bâtie
pour défendre le pont qui donnait accès au Vernon du Moyen-Age,
n'était qu'un "morceau" de monument. Une bombe de la deuxième
guerre mondiale l'avait amputée d'une de ses quatre tours. En 1984,
un premier programme de restauration consiste à remettre en place
une partie des pierres originelles, consciencieusement conservées
par nos aînés. Résultat : un moignon de tour d'une dizaine
de mètres.
Mais l'objectif final de rendre son intégrité à
l'édifice reste en vue. Le projet met plusieurs années à
se mettre en place, avec l'aide de la DRAC (Direction Régionale des
Affaires Culturelles). C'est en septembre 1996 que la société
vernonnaise TERH (Travaux d'Entretien et de Restauration des monuments
Historiques) issue du département monuments historiques de Lanctuit,
peut installer ses échafaudages au pied de la tour. Les travaux dureront
au total plus d'un an. "Nous nous sommes recalqués le plus possible
sur ce qui existait à l'origine", explique Jean-Claude Courquin,
appareilleur chez TERH. De ce point de vue, les anciennes jointures entre
la tour disparue et le corps central de l'édifice donnent aux
spécialistes de précieuses indications.
Des pierres taillées à la main
Pendant plus de douze mois, les hommes de TERH ont remonté la tour
manquante. Dans l'esprit du XIIe siècle. Avec le matériau
d'origine, la pierre de Vernon, extraite des flancs de la vallée de
la Seine. "Au total, ce sont environ 30 mètres cubes de pierre
qui ont été taillés à l'ancienne c'est-à-dire
tout à la main par notre équipe d'une dizaine de tailleurs
de pierre", explique Jean-Claude Courquin. Comme dans la version originale,
les pierres sont loin d'être de dimension identique. Enfin autre technique
qui n'a pas changé : les blocs sont scellés à la chaux
grasse, matériau qui offre l'avantage d'une certaine
élasticité. "La seule différence par rapport à
autrefois, c'est qu'aujourd'hui, la pierre est découpée en
tranches par une machine avant d'être taillée à la main",
note Jean-Claude Courquin. Comme au XIIe siècle, la partie
intérieure de la tour a été lissée, ici avec
du ciment.
Résultat : un ensemble homogène, avec de nouvelles pierres
de Vernon qui portent elles aussi les traces des outils des tailleurs.
"C'est ce qui fait qu'elles accrochent si bien la lumière". Bien
sûr, la blancheur de la nouvelle tour rend le travail de restauration
parfaitement apparent. "La pierre se patine très vite, d'ici quelques
années on ne verra plus la différence car la texture est la
même", précise Jean-Claude Courquin.
Une différence voulue, en revanche : la nouvelle tour comporte dans
sa partie haute de minuscules ouvertures en plexiglas. Une option de l'architecte
des monuments historiques, Bruno Décaris, soucieux de fournir une
source de lumière naturelle.
Quelle fonction ?
Car il est clair qu'il va falloir songer à l'utilisation future de
cette bâtisse, qui va retrouver, dans le cadre du développement
touristique de la vallée de Seine, une place plus digne de sa carrure
imposante. Une salle d'exposition ? Un restaurant ? "Je pense qu'il faut
rester ouvert à toutes les solutions, en n'oubliant pas que
l'intérieur n'est pas très grand", estime Marceau
Vanniuwenbourg, adjoint à la Culture, qui sait bien que cette
décision ne sera pas prise avant plusieurs années.
De nouveaux investissements importants seront assurément nécessaires
d'ici-là pour aménager l'intérieur de l'édifice,
qui comporte actuellement deux niveaux (le rez-de-chaussée et un
étage).
La première tranche de la restauration a coûté 3,2 millions
de francs (la moitié à la charge de l'Etat, le quart pour la
Ville et autant pour le Département). Et le conseil municipal vient,
lors de sa dernière réunion, de voter un nouveau crédit
de 500 000 francs pour construire le toit en poivrière de la
quatrième tour, qui manque encore actuellement. Après quoi,
à la Ville de Vernon de savoir ce qu'elle fera de sa forteresse
médiévale...
Catherine Wilmart
11 mars 1998
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Modifié le : Tuesday, 31-Aug-2004 04:21:36 EDT